Par son engagement auprès des hôpitaux et des EMS, la Protection civile vaudoise est un maillon essentiel de la chaîne de lutte contre la pandémie. “Les missions assumées entraînent les astreints hors de leur zone de confort”, fait remarquer le commandant du Bataillon NORD Sébastien Poncet

 lieutenant-colonel Sébastien Poncet

Commandant, voilà environ un mois que le Bataillon NORD a été mobilisé dans le cadre de la lutte contre la deuxième vague de la pandémie. Quel est votre sentiment sur l’engagement en cours ?

Je pense à la nouvelle loi sur la protection civile, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2021. Il y a eu une discussion pour y réintroduire la notion de prestations sanitaires de notre part, mais cela n’a finalement pas été le cas. Or, depuis une année, nous n’avons à peu près fait que ça. On pensait que jamais nos astreints ne seraient appelés à prêter main forte aux établissements médico-sociaux (EMS) ou aux hôpitaux. On se rend compte aujourd’hui que c’est important qu’ils puissent le faire, car ces partenaires peuvent en avoir besoin. Nos hommes jouent un rôle d’appui considérable dans cette crise. Cela représente un défi difficile.

Dans quel sens ?

Les personnes que nous envoyons auprès des EMS et des hôpitaux sont soit des pionniers, soit issus de l’assistance. Ils aiment travailler sur des chantiers, tronçonner des arbres, déplacer des charges. Les seconds, eux, sont davantage orientés vers le service à la personne, ils sont habitués à animer des après-midis, à servir des repas, ce genre de choses. L’engagement actuel sort les uns comme les autres de leur zone de confort. Il ne faut pas le sous-estimer.

De quelles tâches parlons-nous ?

C’est très varié. Cela va du nettoyage à la désinfection d’espace, en passant par le fait de déplacer des corps sans vie ou de ranger les affaires de personnes décédées. Les astreints qui sont assignés à un EMS doivent entrer dans l’intimité des personnes âgées, les aider à faire leur toilette. Dans les hôpitaux, ils peuvent évoluer dans le contexte des soins intensifs, voir des personnes sous respirateur, couchées sur le ventre. Ils ne participent bien sûr pas au processus de soin. Mais psychologiquement, c’est beaucoup plus lourd  que ce que l’on demande habituellement dans le cadre de la protection civile.

Quelle formation reçoivent-ils pour s’y préparer ?

Il y a une formation théorique de quelques heures, puis ils sont bien entendu encadrés par le personnel des institutions. Mais dire ce qu’il va se passer est une chose, le vivre en est une autre. Cet épisode nous montre que la Protection civile vaudoise peut jouer un rôle important dans une situation comme celle-ci, et qu’il faut adapter nos programmes dans le sens de mieux y préparer nos hommes. Nos prestations sont réelles, nos missions très utiles. Il faut aider autant que possible ceux qui les mènent sur le terrain.

Quels retours vous formulent-ils ?

L’immense majorité d’entre eux intègrent parfaitement le fait qu’ils rendent service à la population. Ils se mettent vraiment au service de l’institution qui les accueille. Ils ne sont pas là à attendre qu’un chef vienne leur dire que la journée est terminée. Et je pense que beaucoup d’hommes de l’assistance comprennent, avec cet engagement, le sens de ce qu’ils font, année après année, dans le cadre de la protection civile.